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La fin du mythe du “nul en maths”

Modifié le 05/12/2024

Les mathématiques sont souvent perçues comme une matière élitiste et complexe, réservée aux esprits « naturellement doués ». Pourtant, des études en neurosciences et en pédagogie montrent que les compétences en mathématiques ne sont pas innées mais se construisent et s'améliorent avec le temps et les bonnes méthodes. À travers des méthodes adaptées, un soutien individualisé et une démarche positive, tout élève peut surmonter ses difficultés et progresser en mathématiques, quel que soit son niveau de départ.

La neuroplasticité : le cerveau est malléable

La neuroplasticité, ou capacité du cerveau à se réorganiser et à créer de nouvelles connexions neuronales, joue un rôle central dans l'apprentissage des mathématiques. Contrairement à l'idée reçue que les aptitudes en maths sont fixes, le cerveau se transforme activement lorsqu'on pratique et qu'on progresse dans cette discipline. Selon le neuroscientifique Stanislas Dehaene, expert des bases neuronales de l'apprentissage mathématique, le cerveau s'adapte aux mathématiques par la formation de nouvelles connexions dans les régions responsables du calcul et du raisonnement logique. En pratiquant des exercices progressifs, même un élève qui se considère « nul en maths » peut construire, renforcer et stabiliser ces connexions.

La science de la pratique répétée

Les recherches montrent que l'exposition répétée à des concepts mathématiques et à des exercices variés permet une assimilation progressive. En mathématiques, la répétition n'est pas simplement une méthode « mécanique » ; elle crée une mémoire durable des processus mathématiques et des techniques de résolution de problèmes. Le professeur Jo Boaler, experte en éducation mathématique à l'Université de Stanford, affirme dans ses travaux que « tout le monde peut devenir bon en mathématiques ». Elle insiste sur l'importance de la pratique variée, qui permet aux élèves d'expérimenter et de comprendre les mathématiques sous différents angles, renforçant ainsi leur confiance et leur autonomie.

Une attitude positive : la clé de la réussite en mathématiques

Une des raisons majeures pour lesquelles certains élèves se sentent “nuls en maths” est leur croyance qu'ils ne peuvent pas y parvenir. La psychologie de l'apprentissage montre que l'attitude mentale envers une matière influence les performances. Les chercheurs Carol Dweck et Lisa Blackwell, dans leurs études sur la mentalité de croissance, ont montré que les élèves ayant une mentalité de croissance – c'est-à-dire qui croient en leur capacité à progresser par l'effort – obtiennent de meilleurs résultats et surmontent plus facilement les difficultés. Ceux qui croient en leur potentiel peuvent rebondir plus facilement après des échecs et voient chaque difficulté comme une opportunité d'apprendre et de progresser.

Le soutien scolaire : un catalyseur pour la confiance et la progression

Pour ceux qui se disent “nuls en maths”, le soutien scolaire apporte une structure rassurante et progressive, idéale pour reprendre confiance. En petits groupes ou en individuel, le soutien permet de déconstruire les blocages psychologiques et cognitifs qui entravent les performances. Chaque élève progresse à son rythme et selon ses besoins spécifiques, avec un enseignant qui adapte les exercices et les explications pour rendre les concepts clairs et accessibles.

Un bon programme de soutien scolaire ne se contente pas de « répéter les leçons » ; il encourage l'élève à poser des questions, à explorer différents chemins pour arriver à la solution, et à comprendre les mathématiques comme un langage structuré, logique et universel. En intégrant des exercices variés, des jeux mathématiques et des problèmes concrets, il aide les élèves à prendre conscience que les mathématiques peuvent être utiles et même intéressantes.

Des méthodes pédagogiques qui favorisent l'autonomie et la réussite

Le soutien scolaire utilise des approches pédagogiques fondées sur les recherches en psychologie de l'apprentissage et en pédagogie active. En mathématiques, certaines méthodes comme l'apprentissage par la résolution de problèmes, la pédagogie inversée (où l'élève explore d'abord les problèmes avant d'aborder les solutions), et les techniques de métacognition (réflexion sur son propre processus de pensée) aident les élèves à devenir acteurs de leur apprentissage.

Ces méthodes permettent non seulement de surmonter les blocages, mais aussi de développer une pensée critique et analytique, essentielle pour toutes les matières. En changeant leur manière de voir les maths, les élèves réalisent que cette matière peut être accessible, logique, et même enrichissante.

Quelques recommandations pratiques pour progresser en mathématiques

Pour aider ceux qui pensent que les maths « ne sont pas faites pour eux », voici quelques conseils pratiques basés sur les recherches en apprentissage :

  • Établir des objectifs concrets : Fixer des objectifs précis et mesurables, comme maîtriser une technique de calcul ou résoudre un type de problème particulier, permet d'avancer pas à pas.
  • Varier les exercices : La variation des exercices aide à aborder les concepts mathématiques sous différents angles. Cela développe une compréhension plus large et renforce la mémoire des processus mathématiques.
  • Revoir les bases régulièrement : Pour progresser, il est souvent nécessaire de revoir les fondamentaux. Reprendre des bases oubliées ou non maîtrisées permet de construire une base solide.
  • Apprendre à s'auto-évaluer : Utiliser des techniques de métacognition pour analyser ses erreurs et ses réussites aide l'élève à mieux comprendre ses propres processus de réflexion. Cela renforce la confiance et permet de corriger les erreurs de manière autonome.
  • Prendre son temps et se féliciter des progrès : Il est essentiel de se donner le temps de progresser et de célébrer chaque petite victoire. La progression en maths se fait par étapes, et chaque étape franchie est un pas de plus vers la maîtrise de la matière.

Tout le monde peut être bon en maths

Les mathématiques ne sont pas réservées à une élite. Grâce aux progrès des neurosciences et des pédagogies modernes, il est désormais prouvé que tout le monde peut acquérir des compétences solides en mathématiques, quel que soit son niveau de départ. Le soutien scolaire est un levier important pour ceux qui ont des difficultés ou pensent que les mathématiques ne sont pas « faites pour eux ». En déconstruisant les blocages, en utilisant des méthodes adaptées et en encourageant la persévérance, le soutien scolaire montre que chacun a le potentiel de réussir en mathématiques – et au-delà.

Source

  • Stanislas Dehaene – Neuropsychologue et directeur de l'Unité de Neuroimagerie Cognitive à NeuroSpin (CEA), Dehaene est l'un des principaux experts français dans les bases neuronales de l'apprentissage. La Bosse des Maths (Odile Jacob) 
  • Jean-Pierre Astolfi – Pédagogue et professeur des sciences de l'éducation à l'Université de Rouen, Jean-Pierre Astolfi est connu pour ses travaux sur les erreurs et les blocages dans l'apprentissage. L'erreur, un outil pour enseigner (ESF Sciences Humaines)
  • André Antibi – Mathématicien et professeur des universités, André Antibi a popularisé le concept de la "constante macabre," qui désigne une tendance à fixer un pourcentage stable d'élèves en difficulté. La constante macabre : Les notes, une fatalité ?