L'IA dans le collimateur de Sciences Po

Face aux préoccupations croissantes concernant l'utilisation de l'intelligence artificielle (IA) par les candidats, Sciences Po a décidé de réintroduire un examen d'entrée écrit et chronométré. Cette mesure, prévue pour 2026, vise à garantir l'objectivité des admissions et à prévenir les tricheries potentielles liées à l'IA.

Contexte et motivations de la réintroduction de l'examen

En 2021, Sciences Po avait supprimé les épreuves écrites de son concours d'entrée, jugeant ces dernières discriminantes pour les candidats issus de milieux moins favorisés. L'admission se faisait alors sur dossier via la plateforme Parcoursup. Cependant, l'émergence d'outils d'intelligence artificielle, tels que ChatGPT, a soulevé des inquiétudes quant à leur utilisation par les candidats pour rédiger leurs lettres de motivation et autres documents requis. Ces outils peuvent offrir un avantage indu à certains candidats, compromettant ainsi l'équité du processus d'admission.

Luis Vassy, nouveau directeur de Sciences Po depuis octobre 2024, a exprimé la nécessité de rendre les admissions plus objectives. Il a annoncé officiellement le retour d'une épreuve écrite, précisant toutefois qu'il ne s'agira pas d'un rétablissement de l'ancien concours, mais d'une épreuve "socialement non discriminante".

Détails du nouvel examen d'entrée

Bien que les modalités précises de cette nouvelle épreuve n'aient pas encore été entièrement définies, plusieurs pistes sont envisagées :

• Épreuve à distance : Compte tenu des avancées technologiques et de l'expérience acquise lors de la pandémie de COVID-19, une épreuve écrite à distance est envisagée. Des solutions techniques existent pour assurer l'identité des candidats et prévenir les fraudes graves.

• Utilisation encadrée de l'IA : Plutôt que de chercher à empêcher l'utilisation de l'IA, Sciences Po envisage de l'intégrer dans le processus d'évaluation. Par exemple, une épreuve pourrait consister à demander aux candidats de produire un texte structuré à l'aide d'une IA, puis de rédiger une analyse critique de ce texte, mettant en exergue ses erreurs et ses limites.

Réactions et perspectives

Cette décision de réintroduire une épreuve écrite a suscité diverses réactions. Certains saluent une mesure visant à renforcer l'équité et l'objectivité du processus d'admission. D'autres s'interrogent sur la capacité de cette nouvelle épreuve à réellement prévenir les abus liés à l'IA sans introduire de nouvelles formes de discrimination.

Sciences Po s'engage à communiquer les modalités précises de cette nouvelle épreuve d'ici la mi-décembre 2024, afin de permettre aux futurs candidats de se préparer adéquatement.

Cette initiative s'inscrit dans une réflexion plus large sur l'impact de l'intelligence artificielle dans l'enseignement supérieur. En mars 2023, Sciences Po avait déjà organisé une conférence sur les enjeux de l'IA pour l'enseignement supérieur, soulignant la nécessité d'adapter les méthodes pédagogiques et d'évaluation à ces nouvelles technologies.

En réintroduisant une épreuve écrite, Sciences Po cherche à s'adapter aux défis posés par l'IA tout en maintenant son engagement en faveur de l'équité et de l'excellence académique.