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Mon avis sur l’Ecole de Management de Lyon, l’EM Lyon

Modifié le 16/11/2023

L'EM Lyon, une « parisienne en province »

L'EM Lyon figure invariablement en quatrième place des classements nationaux depuis maintenant de nombreuses années. N'étant pas moi-même un fervent partisan de la foi aveugle dans les classements, qui me semblent subjectifs et beaucoup trop généraux pour fournir des informations utiles, j'ai voulu aujourd'hui vérifier avec vous si cette place de « quatrième grande » est méritée, et si l'EM Lyon constitue véritablement un acteur incontournable du monde de l'enseignement supérieur du management en France.

A cet égard, il convient peut-être de commencer par ce qui constitue le plus grand point fort de l'EM – la formation de futurs entrepreneurs. En effet, si son slogan est « educating entrepreneurs for the world », ce n'est pas par hasard : reconnue pour la qualité globale de son enseignement, l'EM a su se forger une réputation d'excellence dans le domaine bien précis de l'entrepreneuriat. Investie en ce sens depuis plus de 25 ans, l'école se targue d'avoir encadré avec succès plus de 1100 porteurs de projets. Concrètement, ce focus entrepreneurial passe par plusieurs étapes :

Dans le cadre de l'année « Bachelor » (première année du cursus EM, réservée aux admis sur concours), participation à un progamme dit « PCE » : Projet de Création d'Entreprise virtuelle. Pour les étudiants, il s'agit de savoir imaginer une entreprise et son métier, et d'être capable de les défendre devant un jury bien décidé à les mettre en difficulté. Cet exercice sollicite tout à la fois les capacités d'imagination, de rigueur, et d'argumentation des élèves – et leur permet de prendre conscience des difficultés que rencontrent ceux qui désirent créer leur propre entreprise.

Suite à cette première expérience, les élèves ont le choix : s'ils désirent la poursuivre, libre à eux durant les deux années de MSc in Management qui suivront de choisir des électifs parmi ceux (nombreux) qui sont liés à l'entrepreneuriat ; de rejoindre l'incubateur de l'EM Lyon ; ou de postuler pour l'un des deux programmes sélectifs que sont « Start-up » et « Relève ». En s'appuyant sur tout ou partie de ces moyens, les étudiants de l'EM sont à même de développer une véritable compétence entrepreneuriale, qui repose sur une vision transversale des mécanismes de l'entreprise ainsi que sur la compréhension des mécanismes fondamentaux que sont la levée de fonds, le recrutement, la création de business plan, etc.

L'entrepreneuriat dans l'ADN de l'Ecole

L'entrepreneuriat est aussi mis en avant par le biais des associations de l'EM Lyon, connues pour leur activité et pour leur ampleur : pour ne citer qu'un exemple rappelons que le Petit Paumé (association qui publie chaque année un guide de la ville de Lyon) dispose d'un budget annuel de près de 800 000 € (soit plus qu'un grand nombre d'entreprises qui débutent).

Enfin, pour les étudiants qui rejoindraient l'EM en fin d'études ou en formation continue, l'école propose des formations spécialisées telles que le Mastère Spécialisé Entreprendre (qui comprend, lui aussi, les programmes « Start Up » et « Relève »), ou que le Global Entrepreneurship Program, fruit d'un partenariat entre l'EM Lyon, le Babson College (USA) et la Zhejiang University (Chine), qui inculque à ses étudiants pendant un an les ressorts de l'entrepreneuriat en leur fournissant le meilleur de ce que trois grandes business schools ont à offrir en la matière.

Si l'EM se repose beaucoup sur l'entrepreneuriat pour asseoir sa réputation, il faut néanmoins savoir dépasser ce premier point fort pour s'attarder sur le reste des prestations qu'elle propose. S'il n'y a rien à redire sur la plaquette/brochure du programme Grande Ecole (qui fait le choix original de se structurer sous la forme d'un Bachelor suivi d'un MSc plutôt que d'un diplôme unique), ni sur la qualité des cours qui y sont dispensés, c'est ailleurs qu'il faut chercher la seconde grande spécificité de l'EM : son ouverture internationale.

Il est en effet devenu presque cliché, aujourd'hui, pour une école de commerce, de revendiquer son « ouverture sur le monde », son « caractère international », l'accent qu'elle place sur l'anglais, et ainsi de suite. Néanmoins, peu poussent le vice aussi loin que l'EM :

Partenaire de plus de 35 écoles de par le monde, elle permet à ses étudiants de partir en échange sur celui des cinq continents qui retient leur intérêt – et les y incite, même, puisque leur cursus doit obligatoirement comprendre le passage d'un an à l'étranger, que ce soit dans le cadre d'un stage ou dans celui d'un échange universitaire.

Depuis 2007, l'EM dispose d'un campus à Shanghai (au sein de la East China Normal University), fruit d'un partenariat de longue date entre ces deux universités et de la volonté de l'EM de s'implanter dans un pays connu pour la croissance forte de son économie ainsi que pour son rôle moteur dans l'économie internationale. En 2008, cette initiative a été répétée dans une ville moins éloignée mais tout aussi importante : Genève, qui ne fait sourire que ceux qui se sont arrêtés à l'image de calme et de tranquillité qu'on a tendance à associer à la ville au lieu de prendre en compte l'importance de l'activité banquière et financière qui y prend place au quotidien. Et ne parlons pas des nombreux sièges de grandes entreprises internationales situées sur l'axe du « diamant alpin » (Lyon – Genève – Turin)…

Sous peu, l'EM profitera du projet « Lyon Dubaï City » (lancé par la ville de Dubaï et visant à reproduire en son sein, à l'horizon 2016-2017, une série de quartiers de la ville lyonnais) pour ouvrir un quatrième campus à Dubaï. Connue pour figurer parmi les principales capitales économiques du monde arabe, la ville de Dubaï constitue indubitablement un espace hautement attractif pour les acteurs de la sphère économique internationale – et en dans ce contexte, une implantation en son sein de l'EM Lyon ne peut que bénéficier considérablement à ses étudiants (sans compter qu'elle sera la seule des « quatre grandes », à ce jour, à disposer d'un campus permanent au sein du monde arabe, une spécialisation que l'EM ne manquera vraisemblablement pas de mettre en avant à l'heure où l'implantation en Asie commence à faire figure de classique).

En définitive, mon avis sur l'EM Lyon est très positif : capable de fournir une formation d'excellence tout en insistant sur les deux pôles fondamentaux que sont l'entrepreneuriat et l'ouverture internationale, l'EM Lyon arrive à concurrencer sans les imiter les écoles qui la précèdent dans les classements, et ce faisant, à créer une identité propre qui justifie tout à fait, à mon sens, la confiance qui lui est accordée par les entreprises et par la presse spécialisée.

Attention cependant : de même que l'EDHEC est talonnée par la nouvelle entité issue de la fusion CERAM – ESC Lille, l'EM Lyon est talonnée de près par l'EDHEC, que ce soit dans les classements ou dans l'esprit des recruteurs. Les années à venir vont vraisemblablement être le cadre d'une bataille serrée entre ces trois écoles, avec pour enjeu les quatrièmes et cinquièmes places aux classements nationaux des écoles de commerce : l'actualité promet d'être intéressante !

Franck Attelan