En dépit de leur attractivité, les écoles d'ingénieurs françaises rencontrent des difficultés à attirer des candidats vers certains domaines, comme la mécanique et la chimie, deux secteurs pourtant essentiels pour l'industrie française. Ce désintérêt croissant des étudiants soulève des inquiétudes sur la capacité de la France à répondre aux besoins industriels et à rester compétitive à l'échelle internationale. Voici un état des lieux des causes, des conséquences, et des initiatives déployées pour répondre à cette pénurie.
La France forme actuellement environ 40 000 ingénieurs chaque année, mais cela reste insuffisant pour répondre aux besoins du marché. D'après Pierre Verzat, président de Syntec-Ingénierie, la demande en ingénieurs avoisinerait les 50 000 à 60 000 diplômés par an, ce qui engendre une pénurie annuelle de près de 20 000 ingénieurs. Cette insuffisance impacte directement la réalisation de projets industriels, retardant certaines innovations et mettant sous tension le marché de l'emploi. (source : Le Figaro Étudiant)
Les filières de la mécanique et de la chimie semblent souffrir d'un désintérêt accru de la part des jeunes ingénieurs, qui préfèrent de plus en plus se tourner vers des secteurs tels que les services de conseil en ingénierie et les nouvelles technologies, souvent perçus comme plus innovants et valorisés socialement. Selon une étude, la proportion de jeunes ingénieurs qui choisissent l'industrie a baissé de deux points entre 2022 et 2024, passant de 38 % à 36 %. Ce désintérêt pose un défi pour les industries traditionnelles, qui peinent à recruter dans des domaines pourtant stratégiques pour l'économie. (source : Radio France)
Le déséquilibre s'explique en partie par la transformation des aspirations des étudiants. Les jeunes ingénieurs sont de plus en plus attirés par des environnements de travail flexibles, des projets alignés sur les enjeux de durabilité et des technologies de pointe. Les secteurs de la mécanique et de la chimie, souvent associés à une image plus traditionnelle et moins tournée vers l'innovation, peinent à séduire une nouvelle génération en quête de sens et de reconnaissance dans leur parcours professionnel.
Pour pallier ce déficit de candidats, les écoles d'ingénieurs et les organisations professionnelles mettent en œuvre plusieurs initiatives :
Campagnes de promotion et valorisation des débouchésLes établissements mettent davantage en avant les opportunités de carrière et les débouchés offerts par les secteurs de la mécanique et de la chimie, en soulignant l'importance de ces métiers dans les grands projets d'infrastructure, de transition énergétique, et d'innovation industrielle. Ils cherchent à attirer des étudiants en leur montrant la diversité des applications concrètes de ces domaines et l'impact direct qu'ils peuvent avoir sur l'économie et la société.
Développement de cursus en alternance et programmes d'intégration en entrepriseLes écoles collaborent avec des entreprises pour offrir des programmes d'alternance et des stages de longue durée, comme le programme "Parcours ingé" mis en place par Syntec-Ingénierie. Ce programme permet aux étudiants de combiner des études académiques avec une expérience pratique en entreprise, facilitant leur intégration sur le marché du travail et renforçant l'attractivité des secteurs en tension. (source : Le Figaro Étudiant)
Actions de sensibilisation et de mentoratPlusieurs écoles d'ingénieurs et entreprises lancent des programmes de sensibilisation dès le lycée pour encourager les jeunes talents à envisager une carrière dans les secteurs de la mécanique et de la chimie. Ces initiatives incluent des rencontres avec des professionnels, des journées portes ouvertes dans des laboratoires, et des programmes de mentorat pour renforcer l'image positive de ces métiers auprès des étudiants.
Promotion des innovations dans la mécanique et la chimiePour montrer leur potentiel de modernité, les écoles et entreprises misent sur la mise en avant des innovations dans ces secteurs, telles que les nouvelles technologies de fabrication additive (impression 3D) en mécanique ou les avancées en chimie verte et durabilité des matériaux. Ces exemples permettent de démontrer le caractère innovant et crucial de ces domaines pour les industries de demain.
Le manque de candidats pour des filières essentielles de l'ingénierie représente un défi pour la France, qui pourrait freiner sa compétitivité et sa capacité d'innovation. L'industrie mécanique est un enjeu essentiel pour les grands projets d'infrastructure, tandis que la chimie est indispensable pour de nombreux secteurs, de l'agroalimentaire aux énergies renouvelables. Renforcer l'attractivité de ces métiers auprès des jeunes est donc non seulement une priorité pour les établissements d'enseignement mais également pour la compétitivité économique du pays.